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SÉNÉGAL-SOCIETE / De nouveaux visages du féminisme révélés – Agence Sénégalaise de Presse

artikelobatherbal 2024. 4. 6. 02:49

+++Par Fatou Kiné Sène+++

Dakar, 5 avr. (APS) – Né dans le sillage du mouvement de libération des femmes « Yeewu Yeewi », fondé en 1984 et poursuivi quarante ans plus tard, le Collectif féministe sénégalais (CFS) est porté par des femmes âgées de 25 à 40 ans. Celles qui incarnent aujourd’hui le féminisme ont raconté à l’APS leur parcours et leur dévouement à la cause des femmes.

Des réalisateurs aux consultants juridiques, en passant par les bibliothécaires archivistes, les scénaristes et les communicateurs, tout le monde semble prendre la parole et prêter sa voix dans la lutte pour les droits des femmes. Le web, l’écran et les réseaux sociaux sont les outils les plus utilisés.

Adam Pouya : La lutte contre les agressions sexuelles dans les transports a commencé pour elle sur Facebook et autres réseaux sociaux. A vingt-sept ans, la diplômée de l’École des bibliothécaires, archivistes et documentaires (Ebad) s’est fait remarquer par ses posts acerbes sur les réseaux sociaux dans lesquels elle condamnait les agressions sexuelles dans les transports publics.

Un engagement qui sonne comme un déclic dans le parcours féministe et évolutif d’Adama Pouya, entamé en 2019. C’est l’année où elle crée le mouvement « Boulma rissou » (Ne te frotte pas à moi en wolof). Un mouvement né de cette lutte acharnée avec des féministes comme Aminata Liben Mbengue, Maïmouna Astou Yade, Amy Sakho.

Documentariste à l’Institut français Saint-Louis, elle s’est associée lors d’une campagne de sensibilisation aux opérateurs de bus Tata Aftu (mini bus de Dakar) et Dakar Dem Dikk (DDD), une société de transports publics.

Elle fonde alors l’association féministe « Awas » (« voix » en farsi iranien), avec sa sœur jumelle Marième Pouye et d’autres féministes dans le but d’élargir le champ de lutte pour les droits des femmes.

Adama a été éduquée dans un cocon familial « sûr » où il n’y a qu’un seul homme à la maison, son père, et où on leur fait comprendre toutes les possibilités qu’une fille peut avoir dans la vie.

Mais le choc est venu lorsqu’elle est sortie du cocon familial avec des messages sous un angle différent. Par exemple, il y a une école où l’on demande aux filles de balayer les salles de classe et non aux garçons. Et pour ne rien arranger, ces dernières sont « proposées dans les conseils scolaires et autres instances dirigeantes », dénonce Adama Pouye, qui a autrefois embrassé son féminisme à l’université de Dakar, à Ebad.

La coordinatrice du collectif féministe du Sénégal, la plus jeune en fait au bureau des douze membres de cette organisation, a lancé aujourd’hui le forum exclusivement féminin 2021 à Saint-Louis. L’objectif : valoriser les initiatives des femmes dans la littérature, l’entrepreneuriat, le numérique là où elles doivent investir et la nécessité d’un cadre d’échange des droits des femmes.

Réalisateur sénégalais Mamyto Nakamura, pour qui le cinéma est un outil de plaidoyer pour parler aux femmes, est engagée dans le mouvement féministe au Sénégal depuis 2012. Elle utilise sa caméra pour « réparer certaines injustices faites aux femmes et plaider en leur faveur ».

En témoignent les multiples podcasts réalisés sur les articles discriminatoires du Code de la famille à l’égard des femmes et diffusés gratuitement dans les zones rurales pour ouvrir le débat et donner aux femmes le courage de raconter leur histoire et de s’exprimer sans jugement.

Son dernier documentaire, “Au nom du sang” (sorti en janvier), sélectionné au prochain Festival du film de femmes africaines, prévu du 26 avril au 4 mai, traite du viol conjugal. Inutile de dire que cela en dit long pour une femme qui marche aujourd’hui dans les traces de sa mère Fatou Diop, la « fabuleuse gox » (marraine du quartier), très célèbre à Louga, sa ville natale.

C’est également là que Mamyto Nakamura œuvre pour délivrer ses messages. Elle a pris le nom de « Hiros Nakamura », un personnage fictif de la télévision américaine qui a le pouvoir de fermer les yeux et de voyager dans le temps. “J’aimerais remonter le temps pour corriger certaines injustices faites aux femmes et aux filles”, déclare Mamyto Nakamura, qui se définit comme une “féministe communautaire”.

“Nous sommes toutes féministes, la question est de savoir s’impliquer ou non travailler”, souligne celle qui s’est lancée dans ce parcours pour être au service de sa communauté et tout faire pour que les femmes occupent des postes.

L’épanouissement des femmes, leur sécurité, leur travail, leur autonomie financière, leur indépendance à travers les idées et les désirs restent le fil conducteur de son combat.

Même chose pour Maïmouna Astou Yade alias “Maya”, qui conviendrait bien au surnom de féministe radicale. Elle est la fondatrice exécutive de « JGen Sénégal » (JGEN Women’s Global Entrepreneurshipune structure créée en 2016 qui regroupe des jeunes féministes.

Elle appartient aux « féministes hyper-radicales », notamment en ce qui concerne le patriarcat, dit-elle. Son engagement pour la cause des femmes est né du refus de prise de parole en public dont elle a été victime. Mais pour Maya, « nous sommes toutes féministes dans l’âme », même s’il faut un élément déclencheur pour le confirmer.

Depuis 2020, la consultante, avocate de formation, s’active pour construire le mouvement féministe au Sénégal et en Afrique francophone. Il se bat, comme il le dit avant tout, « pour éliminer toutes les formes de violences basées sur le genre au Sénégal ».

La mission des femmes rassemblées autour du JGen Sénégal est de « décoder les codes sociaux », et dans une démarche innovante avec un collectif de féministes sénégalaises, d’aller à la rencontre des communautés pour déconstruire le mythe construit autour du féminisme.

Aujourd’hui, son modèle reste la sociologue Fatou Sow, une « figure emblématique du féminisme » dont elle admire l’attitude, mais surtout la préservation de sa culture et des valeurs sénégalaises. “A la fin de chaque réunion de féministes, elle se précipite chez elle, et lorsqu’on lui demande pourquoi, elle répond : +Je vais m’occuper de ma famille+. En bonne Sénégalaise et malgré son dévouement, elle préserve sa culture et c’est ça qui est admirable », dit Maya.

Son ambition est d’aider les jeunes à grandir avec l’opportunité d’en apprendre davantage sur le féminisme africain.

Car pour Maïmouna Astou Yade, même s’il existe un féminisme universel, il y en a aussi un spécifique à l’Afrique car les femmes africaines ont des priorités spécifiques.

Et ce n’est pas le cas Amina Seck qui peut dire le contraire, celle qui lutte pour l’égalité des sexes à travers l’écriture. La romancière et scénariste sénégalaise ne peut pas dire comment elle est devenue féministe, mais elle est convaincue des raisons qui la poussent à l’être. “J’ai toujours défendu les droits de l’homme depuis mon enfance. En grandissant, j’ai observé des femmes, des filles et surtout ma mère. J’ai donc réalisé qu’il y avait une inégalité contre laquelle il fallait lutter”, a-t-elle confié à l’APS.

Fondatrice de « Les Cultur’elles » (agence de promotion de l’art et de la culture des femmes) et organisatrice du Salon du livre de femmes de Dakar, elle pratique la « déconstruction » à travers son art. “Je mets en avant toutes les femmes qui évoluent dans le monde de l’art et de la culture. Mes projets personnels (livres et scénarios) racontent des histoires de femmes aux femmes et aux hommes. Je coache et supervise beaucoup de personnes dans le domaine de la création (écriture) », dit-elle.

Elle qui, grâce à son parcours, ses expériences et ses circonstances, est devenue militante pour les droits des femmes, fonde son engagement sur la paix et le respect de tous, notamment des femmes.

“Je n’ai pas de limites. Je travaille dans l’art, nous avons donc deux statuts dans la société, celui de femme et celui d’artiste qui n’a que son art pour s’exprimer et vivre dignement. Et nous savons tous que dans le milieu artistique, il existe toutes les formes de violence”, dénonce-t-elle. Amina Seck estime que le féminisme a encore un long chemin à parcourir, que ce soit au Sénégal ou dans d’autres pays africains.

« Quant au Sénégal, tant que le Code de la famille n’est pas révisé, de nombreux arguments resteront vains. Ce serait vraiment dommage au vu de tous les progrès réalisés jusqu’à présent dans la lutte pour les droits des femmes. Le Code de la famille est un mur que seules les autorités peuvent abattre pour donner aux femmes ce qui leur appartient, estime-t-elle.

Une autre féministe qui partage les mêmes convictions est Eva Rassoul Ngo Bakenekehe, pour lequel la lutte pour la déconstruction nécessite une éducation. Activiste féministe qui se définit comme quelqu’un qui refuse de rentrer dans un moule, elle prône la déconstruction en éducation. “Vous apprenez aux enfants à être humains”, dit-elle.

Une Camerounaise installée au Sénégal depuis une quinzaine d’années, précise que son combat se résume à voir comment l’éducation féministe, qui fait référence à l’éducation des enfants, peut atteindre tous les enfants, garçons comme filles. Aujourd’hui, le journaliste est plus actif dans la communication et rêve d’un monde plus « humaniste » dans lequel on apprendrait « à un garçon à être un homme qui réussit et à une fille à parvenir à un monde plus juste ».

Eva Rassoul estime que le féminisme n’est pas différent des autres luttes qui se déroulent dans nos sociétés. La féministe autoproclamée est entrée dans le mouvement lors de l’affaire “Adji Sarr”, une ancienne employée d’un institut de beauté qui accusait de viol l’ancien leader du PASTEF Ousmane Sonko.

“Je suis féministe depuis longtemps, parce que quand on est journaliste, il faut s’affirmer dans les rédactions, et quand on va sur le terrain, on défend toujours ses opinions, on brise les codes”, souligne-t-elle. .

Elle regrette cependant que parfois dans les combats féministes « les plus grandes tueuses soient les femmes ».

FKS/ADL/ASG/OID

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